Des produits de qualité, oui, mais pour tous - Part 1
Lundi dernier à Argentan, Michel Onfray lançait une université du goût. Accompagné de Jean-François Piège, chef des Ambassadeurs, le restaurant du Crillon, et d'Evelyne Bloch-Dano, agrégée de lettres moderne et écrivaine, le philosophe entend, par l'exemple, amener la "lutte contre la fracture alimentaire qui touche les corps" ainsi qu'"apprendre à cuisiner les produits frais de qualité pour générer du lien social, familial, amical..." avec pour thématique de base les légumes. Légumes, selon E. Bloch-Dano, considérés encore comme" l'image de la diète", de l'injonction maternelle : manges ta soupe !" et premières victimes de la malbouffe. Pour cette première édition, il était question de cardon. La semaine prochaine, c'est le topinambour qui sera à l'honneur.
Louable intention, donc, que ce retour aux sources d'une cuisine que l'on pourrait nommer la "cuisine pauvre" sans cliché aucun. La cucina povera italienne n'est-elle pas communément reconnue ? La cuisine n'est-elle pas né de la pauvreté et non de l'opulence ?
Alors oui, on fait des merveilles avec des légumes. Oui, il y a urgence pour la société à manger mieux-manger bon. Oui, le réapprentissage de la cuisine et de la nourriture, en général, est un maillon inhérent au lien familial et social.
Cependant, le travail est ardu, tant les disparités à l'accès à ce mieux manger sont criantes. J'habite à la campagne, pas de soucis pour me procurer des produits de qualité. Mais les hypers fonctionnent aussi très bien en zone rurale.J'habite en ville, il y a des marchés, de plus en plus d'AMAP (associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) pour me procurer ces bon légumes (qui ont poussé dans de la vrai terre). En ai-je les moyens ?
Car, n'oublions pas que des légumes oubliés, des légumes racines, on en trouve à Paris. Le topinambour, l'héliantis, le panais, les raves et navets multiformes, multicolores se vendent. Et très bien ! Mais à quel coût !!!
On ne pourra jamais mettre la campagne à la ville. L'éducation au goût relève encore du tour de force. Mais une piste à explorer serait peut-être des produits de qualité à la portée de toutes les bourses.